Par Michaël Glück à Montpellier le 9 juin 2024
Dans les sillages…
C’est au poète et ami Alain Freixe que je dois la chance de cette belle rencontre avec Françoise et Bernard, un cadeau inattendu le jour même de ma naissance, un 10 juin donc augure d’une autre naissance, celle de Pénélope, la main narrative. Nous nous sommes retrouvés deux jours plus tard à l’atelier, villa des arts. J’ai vu, contemplé, aimé les peintures de Bernard, les livres réalisés, mis en scène par Françoise. J’ai su immédiatement que quelque chose de fort allait advenir de ces temps de rencontres, des conversations habitées par une belle connivence. Je suis rentré chez moi, avec des livres, des catalogues et une suite de livres blancs à manuscrire.
J’ai entendu, je crois, une demande thématique autour de la mer, demande traduite par Méditerranée, qui réveillait en moi un vieux rêve autour de l’Odyssée. Comment dire cette hypothèse d’un livre, d’un mythe, qui serait non pas l’œuvre d’Homère mais bien celle de cette autre Parque qui tient en sa main, la navette, le navire, la vie et le récit du retour d’Ulysse après la guerre de Troie. J’ai donc adressé, mais ne me souviens pas si ce fut une version manuscrite ou tapuscrite, ce qui était d’abord titré : La main narrative.
Très vite l’une et l’autre ont suspendu mes doutes, m’ont dit combien le texte répondait à leurs attentes, combien ils souhaitaient qu’il ne soit pas seulement un livre avec peintures et manuscrits. Dès février 2023, Françoise avait créé la belle mise en page typographique après m’avoir suggéré de faire apparaître Pénélope comme titre, suivi du sous-titre La main narrative. Il y a là, dans ce qui pourrait n’être qu’un détail, la pertinence du travail d’éditrice, qui est celui d’une grande lectrice.
De mai à septembre de la même année a créé ses œuvres qui tissent un grand dialogue avec le texte. Bernard a beau dire que ses peintures sont inspirées par le texte, je me demande si ce n’est pas le texte qui est inspiré par les peintures qu’inconsciemment j’avais pré-vues, bien qu’imprévisibles..
Le 11 juin 2023, un an plus un jour après notre première rencontre, j’ai repris le chemin de la villa des arts pour découvrir le livre, en signer les colophons et me prêter, à la demande de Françoise, à l’enregistrement du texte. Voix et vue, vie. Le 23 novembre de cette même année présentation-dédicace de l’ouvrage à la librairie Blaizot. Si belle joie.
Je sais que nous n’en resterons pas là, que la rencontre aura donné naissance à l’ouvrage à trois fois nos mains mais autant naissance à l’amitié qui naît d’un travail commun. Je sais que d’autres livres viendront.
Un grand merci.
Michaël Glück à propos de Pénélope. La main narrative
« Je suis né à Paris d’une mère née en Tchécoslovaquie et d’un père dont les parents arrivaient de Pologne. Suis enfant, donc, de ces humains passés d’est en ouest sur les grands axes des migrations en Europe. Mon lexique est l’exil, avec bruissements de langues, leurs chants, leurs berceuses. J’ai dans la voix parfois des accents qui me viennent d’ailleurs. Dans l’écriture j’essaie souvent de retrouver cette voix-là. J’écris pour tisser. Toute écriture est tissu, texture. Tissage de liens vers les autres, avec les autres. Traversées, traductions. Écrire c’est accomplir le travail de la navette Pénélope, du navire Ulysse.
Et je n’oublie pas qu’en nombre de langues, écrire et peindre sont un seul et même mot »
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